Une histoire de deuil et d’espoir : ma fausse couche
Chère lectrice,
Si tu lis ces mots, c’est que tu vis peut-être une étape difficile. Une étape qui touche une femme sur quatre, mais qui reste encore trop souvent taboue : la fausse couche. Aujourd’hui, je souhaite partager mon histoire avec toi, dans l’espoir qu’elle t’apporte un peu de réconfort, de compréhension, ou simplement l’écho d’une expérience qui ressemble à la tienne.
Une nouvelle emplie de joie et d’espoir
Il y a neuf semaines, j’ai appris que j’étais enceinte. Ce fut un moment de bonheur pur. Mon conjoint et moi nous posions tant de questions… Allions-nous être capables de donner la vie ? Approchant des 30 ans, cette grossesse était une réponse rassurante. Lors de la première échographie, tout semblait bien : le cœur de notre petit être battait et il était bien placé. Je me sentais chanceuse d’avoir des symptômes relativement légers—douleurs mammaires, un peu de nausée, mais rien de plus. Nous étions sur un petit nuage.
Le basculement
Mais le lundi 15 décembre, tout a changé.
Au petit matin, des saignements sont apparus accompagnés de crampes dans le bas-ventre, comme si mes règles allaient arriver. J’ai immédiatement contacté mes sages-femmes, mais aucune n’a répondu. En fin de matinée, les saignements s’étaient arrêtés, alors je suis restée couchée. Mais à 13h, les saignements ont repris, plus importants. Mon médecin m’a conseillé de me rendre aux urgences gynécologiques.
Mon mari m’a accompagnée. Après deux heures d’attente, les symptômes s’étaient amplifiés et je ne tenais plus assise. Une sage-femme a pris mes constantes—tout allait bien de ce côté-là. Puis la gynécologue est arrivée. Le verdict est tombé après une échographie silencieuse et pesante : le cœur de notre petit être s’était arrêté. Les larmes ont monté, mais je me suis retenue par respect pour cette professionnelle qui m’annonçait une nouvelle si difficile avec bienveillance.
Faire un choix impossible
Elle m’a proposé deux options : une intervention chirurgicale sous anesthésie générale, ou un traitement médicamenteux pour permettre l’expulsion naturelle. Aucune des deux ne semblait être une bonne option. J’ai choisi la médicamenteuse. Nous sommes rentrés chez nous, la tête lourde et le cœur en miettes.
Une nuit de douleur
Cette nuit-là, j’ai pris le premier cachet, comme prévu. Les douleurs ont commencé vers 23h : des crampes intenses, des contractions, accompagnées de vomissements et d’autres inconforts. Mon corps se battait pour expulser ce qui avait été une promesse de vie. Ces heures furent longues, douloureuses, et émotionnellement éprouvantes.
Tout s’était terminé après environ deux heures de contractions, mais ce n’était que le début du processus de deuil. J’ai allumé une bougie pour cet être, ce petit cœur qui avait battu en moi. Mon mari, de son côté, a choisi de jeter les échographies. Chacun réagit différemment, et c’est normal.
Faire face à la perte
Le plus dur a été d’annoncer la nouvelle à nos proches. Chaque fois que je devais le dire, c’était comme rouvrir la plaie. Mais je crois aussi que c’est une étape importante pour accepter et avancer. Oui, cet embryon était petit, mais il avait un cœur, une âme. Pour moi, il était déjà quelqu’un.
Les émotions viennent par vagues : tristesse, colère, culpabilité, et parfois une accalmie. Chaque femme vit cela à sa manière. Ce qui compte, c’est de s’offrir le temps et les outils pour guérir.
Ce que j’ai appris
Aujourd’hui, je prends soin de moi… Je laisse mon corps et mon esprit guérir, un jour à la fois. Je me suis accordé un drainage lymphatique pour aider mon corps à évacuer. J’ai pris rendez-vous avec une psy pour parler de cette douleur et avancer. Je réfléchis à mes priorités, à ce que je veux vraiment pour moi, pour ma vie.
Je sais qu’un jour, cette blessure sera cicatrisée. Elle pourra se rouvrir à certains moments, mais je saurai que j’ai avancé. En attendant, je pleure quand j’en ai besoin, j’écris, je parle… Car les mots non exprimés deviennent des maux.
Mon message pour toi
Si tu traverses cette épreuve, sache que tu n’es pas seule. Nous sommes nombreuses à passer par là, et chacune a le droit de vivre cette expérience à sa manière.
Prends soin de toi, écoute ton corps, trouve ce qui t’apaise. Parle, écris, ou pleure… Peu importe comment, mais ne garde pas tout pour toi. Nous avons toutes le droit à l’amour, à la compréhension, et à l’accompagnement. Et surtout, rappelle-toi que ce n’était pas ta faute.
Je t’envoie tout mon amour et ma bienveillance. Puisses-tu trouver la paix et la force dont tu as besoin pour avancer.
Avec toute ma sincérité,
Une femme comme toi.